Débrancher et se reconnecter à soi, aux autres, au monde
Il est loin - et pas si loin - le temps où les congés d’été étaient réellement et symboliquement du côté de la vacance…
La vacance comme une forme de vide, un arrêt, une suspension, un temps hors travail. Cette mise en vacance du travailleur lors de la trêve dite estivale, ces semaines d’août où le temps pouvait prendre une texture, une saveur, une lenteur, le temps de la joie, d’être ensemble à goûter, déguster, bavarder, échanger, se retrouver, partager, le temps de sentir, de ressentir le bruissement du vent dans les arbres, l’évaporation de la mer sur la peau, la bonté du soleil.
Les appendices de nos corps que sont devenus les mobiles - portables, tablettes en tous genre, qui font de nos corps des corps connectés et dépendants, font écran à la vacance, à ce temps des vacances.
Les études scientifiques et les documentaires sont légion à alerter des dangers pour les enfants, les adolescents du risque lié à la mise en captivité de leurs capacités à penser le monde et leur environnement induite par l’absorption par les écrans, à mettre en garde contre la narcotisation du virtuel. Il y a un paradoxe certain dans cette injonction d’hyper présence matinée de ces incessants partages, de ces instantanés de vie envoyés à tous ses amis, comme si la vie ne se valait plus qu’au partage possible au travers des appendices technologiques. Que vient nous dire de nous- mêmes cette soumission aux réseaux dits-sociaux ? De quoi nous privent-ils ? de quels manques se font-ils avatars de réponse ?
Et si le luxe, le vrai, était tout simplement cet accès à un temps où il serait bon de s’expérimenter à être juste vivant sans les artifices des fils en wifi …
Et si le défi des hommes et des femmes hypermodernes - ceux qui ont des responsabilités- était de décider de prendre soin d’eux-mêmes, de ne pas perdre l’accès à leur intériorité pour restaurer leur capacité de présence à l’autre, d’écoute.
Et si le temps de la vacance était aussi une potentielle disponibilité à un certain surgissement du réel que le flux d’informations surgissant sans fin de la dite toile met en risque d’éclipse permanent.
Alors prendre le risque de débrancher, c’est oser :
- faire l’expérience de où en est sa dépendance à la connexion.
- faire le point sur ce que permet la déconnexion pour mieux apprécier la connexion.
- prendre conscience de l’overdose d’informations ingurgitée en flux continu.
- observer ses peurs à ne pas être dans le coup, à passer à coté d’une info essentielle.
- s’autoriser à se reconnecter à soi même en se laissant guider par ses ressentis, ses envies …. retrouver le silence.
- suspendre le diktat de l’information en temps réel et se brancher au bruissement du vent.
Et si débrancher en laissant reposer son cerveau permettait tout simplement d’être plus efficace.
Et si déconnecter apportait un mieux être dans ses relations avec ses proches
Et si se mettre en mode avion était source d’un renouvellement créatif.
Oser débrancher, c’est un acte de courage, c’est un acte de vivant, c’est un acte responsable, c’est donner l’exemple, c’est gagner en liberté. Renoncer au TTSTT* pour profiter des vacances sans variant en remettant la connexion à sa juste place.
Bonnes vacances !
Marie-Aurore MOULIN, executive coach, fondatrice d’Aurea Coaching
*Tout, Tout de Suite, Tout le Temps
Article publié dans SciencesPo Alumni - juillet 2021