Reprendre le chemin du travail après un congé sabbatique
Qui n’a pas rêvé d’un temps pour soi, que l’on consacrerait à ce qui nous tient profondément à coeur ? Ce temps particulier est celui que s’offrent ceux qui décident d’utiliser le droit conventionnel de bénéficier d'un congé sabbatique. Marie-Aurore Moulin (promo 87) donne quelques conseils à ceux qui ont décidé de faire un – long – break.
En référence à l’histoire des religions, l’étymologie du terme sabbatique est issue du terme hébreu shabbat qui correspond au 7ème jour après la création du monde par Dieu.
C’est le jour du repos, un jour hors du temps et des contingences matérielles, un jour sans travail durant lequel toutes les activités extérieures doivent être réduites ou suspendues pour se concentrer sur sa famille, son foyer, afin de se ressourcer et se consacrer à la régénérescence de son âme.
Un temps particulier dans nos vies profanes
Le congé sabbatique, résultante d’une démarche légale, parce qu’elle est à l’initiative de l’individu, est porteuse d’une certaine subversion. Prendre un congé sabbatique, en créant de facto une rupture dans sa carrière est un acte qui relève de l’usage de sa liberté. Il renvoie chacun au plus profond de soi, à un questionnement existentiel, et métaphysique : celui du sens de la vie et de sa vie. Une telle décision vient interroger le rapport au travail, au plaisir, à l’argent, au temps. C’est vivre une expérience qui provoque un retour sur soi et à soi, et qui amène à faire le point sur ses choix.
Le congé sabbatique est souvent paradoxal : respiration et sensation de liberté comme un temps retrouvé pour goûter la vie, et sentiment de culpabilité comme un temps volé, dont il faudra se justifier, rendre compte aux yeux du monde, ceux de son employeur, de sa famille, de ses amis, de ses collègues.
Le chemin du retour au travail
Il est nécessaire d’anticiper et de préparer son retour dans l’entreprise en faisant des liens entre l’expérience du congé sabbatique et le travail à reprendre.
• Phase I/ Effectuer un bilan honnête de la période : tirer les enseignements de l’expérience.
Qu’ai-je mis à profit ? Qu’ai-je retiré de cette période ? Que m’a t-elle apporté ? Qu’ai-je appris sur moi ? Quelles sont mes nouvelles connaissances ? En quoi m’a-t-elle enrichi, transformé ? Quelles ont pu être mes difficultés ? À quoi me suis-je confronté ? Quelles ont été mes surprises ?
•• Phase 2/ Rassurer l’employeur : optimiser son employabilité.
De quoi avez-vous vécu pendant cette période ? Pourquoi avoir pris le risque d’arrêter votre carrière ? Quelle était votre motivation principale qui vous a fait vous arrêter ? Comment allez-vous convertir ce que vous avez fait pour mieux faire votre travail ? Comment avez-vous pris en compte les données objectives du marché de l’emploi ? Comment allez-vous prouver que vous avez envie de retravailler ?
••• Phase 3/ Se remettre dans le bain du travail : réendosser l’habit du travailleur.
Aller à des événements où l’échange est professionnel. S’entraîner à parler de ce break avec des personnes avec lesquelles il y a peu d’enjeu.
Être clair et au clair sur son projet professionnel et son ambition. L’essentiel est la façon dont l’expérience est racontée. Elle doit servir l’objectif professionnel en faisant transparaître et apparaître ce qu’elle a permis d’éclairer en termes de désir de travail, de responsabilité et d’engagement.
Dans ces temps de troubles et de réflexion sur le droit du travail avec la loi El Khomri, faire du droit au congé sabbatique une obligation serait un pari audacieux. Temps béni de croissance pour l’être humain dont la société bénéficierait dans son ensemble, le congé sabbatique constituerait une modalité de partage du travail et une des réponses possibles au traitement du chômage.